La chasse aux pauvres : Une obsession sécuritaire en France (fin XVIIIe-début XXIe siècles)

Resumen

Depuis la fin du Moyen Âge, la chasse aux pauvres a pris des dimensions répressives d’une ampleur sans précédent. À cet égard, la période contemporaine s’inscrit dans cette longue tradition multiséculaire. Trois moments s’identifient singulièrement aux tournants des XVIIIe-XIXe, des XIXe-XXe siècles et des XXe-XXIe siècles où s’impose une forte recrudescence de la pauvreté, de la mendicité et du vagabondage. Dans les campagnes comme dans les villes, ces figures marginales affolent la société et les pouvoirs publics au point de se transformer en véritable obsession sécuritaire. Celle-ci trouve sa traduction dans la loi par une nouvelle et durable criminalisation des mendiants et des vagabonds (Code pénal de 1810 : articles 269-282) et par tout un arsenal de moyens de surveillance, d’identification et de contrôle des mobilités (passeport, livret ouvrier, haute police, loi de mai 1885 sur la relégation des multirécidivistes, arrêtés anti-mendicité et loi de 2003 sur la sécurité intérieure, etc.).